Attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure : deux agents tués, le détenu en fuite… ce que l’on sait

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Récap  Au moins deux agents sont morts après l’attaque du convoi. Le détenu transporté est désormais en fuite.

Deux agents de la pénitentiaire ont été tués et trois autres blessés, dont deux très grièvement, ce mardi 14 mai au péage d’Incarville, dans l’Eure, lors d’une attaque violente de leur fourgon qui transportait un détenu entre Evreux et Rouen. Ce dernier s’est évadé et est activement recherché ce mardi soir.

• Que s’est-il passé ?

Peu après 11 heures au péage d’Incarville, dans l’Eure, sur l’A154, un véhicule de la marque Peugeot volé quelques jours auparavant a percuté de face le fourgon qui transportait Mohamed Amra, le détenu en cours de transfert de la prison d’Evreux au tribunal de Rouen, a expliqué la procureure de la République de Paris Laure Beccuau lors d’une conférence de presse mardi soir. La voiture était arrivée sur les lieux quelques minutes avant le passage du fourgon et stationnait sur le bas-côté, a poursuivi Laure Beccuau. Des hommes armés sont ensuite sortis d’une seconde voiture Audi « qui suivait vraisemblablement le fourgon », comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

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Au cours de cette attaque d’une très grande violence et extrêmement rare, deux agents rattachés au pôle régional des extractions judiciaires (Prej) de Caen, ont été tués. Le premier, un capitaine âgé de 52 ans, avait deux enfants de 21 ans, quant au second, un surveillant brigadier âgé de 34 ans, il allait bientôt être père, selon le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

Trois autres agents âgés de 48 ans, 52 ans et 55 ans ont été gravement blessés. Dans la soirée, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, a affirmé que le pronostic vital était encore engagé pour un des blessés. Selon les informations du « Parisien », le troisième agent, touché à l’oreille, est sorti de l’hôpital.

Le Garde des Sceaux a affirmé que c’était la première fois depuis 1992 qu’un agent de la pénitentiaire était tué dans l’exercice de ses fonctions.

• Quel est le profil du détenu en fuite ?

Le détenu en fuite, Mohamed Amra, dit « La Mouche », est âgé de 30 ans. Il est « très connu de la justice », a affirmé mardi soir la procureure de la République de Paris. L’homme avait notamment été condamné le 10 mai 2024 par le tribunal d’Evreux à 3 ans de prison pour « vol avec effraction ». Mohamed Amra est également « mis en examen […] pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort », ajoute Laure Beccuau dans un communiqué. Dans cette affaire, selon les informations de BFMTV, la victime serait un habitant de Dreux et les faits auraient été commis en juin 2022 sur fond de trafic de stupéfiants. Mohamed Amra cumule au total 13 condamnations, affirme la chaîne télévisée.

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Peu de temps avant son transfert, « il aurait été constaté que les barreaux de sa cellule auraient commencé à être sciés », a également indiqué Laure Beccuau.

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• Pourquoi le statut du détenu évadé fait-il polémique ?

Le convoi pénitentiaire n’avait pas d’escorte de la police ou de la gendarmerie, selon une source proche du dossier. Celle-ci a expliqué qu’une escorte n’était pas « systématique » et était déployée à la demande de l’administration pénitentiaire. Les escortes sont principalement réservées aux détenus particulièrement surveillés (DPS).

La procureure de la République de Paris a d’abord indiqué que Mohamed Amra était un détenu classé « DPS » avant de revenir sur ses propos dans un second communiqué. « Contrairement à ce qui a été préalablement indiqué, il n’était pas détenu particulièrement signalé (DPS), mais nécessitait une escorte de niveau 3 » sur 4 niveaux possibles, a-t-elle indiqué.

Le niveau d’escorte 3 requiert au minimum l’encadrement de 3 agents pour le transfert du détenu. Lors de l’attaque, 5 agents étaient mobilisés autour de Mohamed Amra.

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• Où en sont les recherches pour retrouver le détenu ?

Aussitôt après l’attaque, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclenché le « plan Epervier ». Deux cents gendarmes ont été mobilisés ainsi qu’un hélicoptère, a détaillé la gendarmerie. Le plan Epervier, qui dure au maximum quatre heures, a été levé en fin d’après-midi mais des forces restent mobilisées, a-t-on ajouté de même source. L’équipe du GIGN, qui s’est rendue sur place, reste engagée pour participer à la traque de l’évadé et de ses complices.

Sur l’autoroute A154, au péage d’Incarville, où le trafic a été interrompu, se trouvaient plusieurs véhicules de police et une tente blanche a été dressée, a constaté un correspondant de l’AFP.

La Juridiction nationale de Lutte contre la Criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l’enquête, confiée à l’Office central de Lutte contre la Criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen. L’enquête est ouverte pour « meurtre et tentative de meurtre en bande organisée (faisant encourir la réclusion à perpétuité), évasion et bande organisée, acquisition et détention d’arme de guerre, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime ».

Lors d’une conférence de presse dans la soirée, la procureure de la République a assuré que les deux véhicules retrouvés « font l’objet de tous les prélèvements et toutes les recherches nécessaires ». « L’ensemble des laboratoires de la police scientifiques et techniques seront mobilisés au cours de cette enquête », a-t-elle poursuivi. « Plusieurs centaines de membres des forces de l’ordre sont mobilisées », a aussi dit Laure Beccuau en martelant sa « détermination » à retrouver le fugitif.

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• Comment le gouvernement a-t-il réagi à l’attaque ?

« L’attaque de ce matin, qui a coûté la vie à des agents de l’administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous […] Nous serons intraitables », a tweeté Emmanuel Macron.

Le ton grave, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui s’est rendu en fin de journée à Caen pour rencontrer les collègues et les familles des victimes, a qualifié cette attaque de « drame absolu ». Les agents ont été « abattus comme des chiens », a-t-il dit, « par des hommes pour qui la vie ne pèse rien ». « Qu’ils soient châtiés à la hauteur de ce qu’ils ont commis. » « La nation est en deuil, la République est attaquée », a conclu le ministre.

« Nous n’économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront », a lancé le Premier ministre Gabriel Attal à l’Assemblée nationale, qui a observé une minute de silence.

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